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5 octobre 2006 4 05 /10 /octobre /2006 20:53
Désolée pour cette longue absence!!
Pour me faire pardonner, et même si vous devez surement déjà le savoir, j'ai le plaisir de vous dire que la BBC a tourné un nouveau téléfilm Jane Eyre et qu'il sera diffusé prochainement ! On peut en voir le clip de présentation ici :
http://www.youtube.com/watch?v=xV4qpvF-e80

Mais comment allons-nous faire pour pouvoir capter BBC One ?
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29 mai 2006 1 29 /05 /mai /2006 21:57
La première édition de Jane Eyre que j'ai eue entre les mains a été un livre de poche datant de 1972. Aujourd'hui il a tellement été lu et relu que les pages s'en détachent et la tranche est décollée... La traduction est de Charlotte Maurat, et j'ai toujours eu une préférence pour cette traduction, que je trouve superbe. L'une des premières choses qui m'a frappée en lisant et relisant cette édition, c'est l'emploi de "ardent(e)" et de "ardemment'. J'en ai noté 62 occurences (j'ai encore les numéros de pages au crayon!). Je ne me suis pas rendue compte si c'était aussi frappant en anglais, mais il est certain que le feu, ainsi que son antinomie la glace, tiennent une place importante dans le récit et chez les personnages de Charlotte Brontë. Jane et Rochester sont tous les deux des passionnés (et c'est aussi pour celà que je pense que William Hurt n'a pas été très bon dans le rôle de Rochester, du moins tel que je me l'imagine, dans le film de Zefirelli il est lent et froid, fait plein de mimiques calculées et non spontanées...).

Jane est pleine de chaleur, elle est une enfant rebelle, elle est passionnée et ardente. Rochester a les yeux plein de flammes, d'ailleurs alors qu'il est aveugle elle dit de lui "son aspect faisait penser à une lampe éteinte, atendant d'être rallumée" ("his countenance reminded  one of a lamp quenched, waiting to be relit") (chap. 37). L'épisode du feu enflammant le lit de Rochester est l'un de ceux où l'amour est le plus vibrant. Enfin, Rochester devra passer l'épreuve du feu pour que les deux amants soient réunis.

St John quant à lui est entièrement décrit en termes de froid, de glace, de roc, de marbre. Il est "inexorable comme la mort" selon Diana et se décrit lui-même comme "un homme froid, dur" (chap. 32). "Je suis froid, aucune ardeur ne me touche" ajoute-t-il au chapitre 33. "il n'existe point de baiser de marbre, de baiser de glace, sinon je dirais que le baiser de mon cousin appartenait à l'une de ces catégories" nous dit Jane (chap. 34). Pourtant, on devine sous les traits austères de Rivers une flamme contenue qui nous est révélée au moment des rencontres avec Rosamond :
"ses joues s'empourpraient, ses traits de marbre, tout en refusant de se détendre, s'altéraient d'une façon indescriptible, leur impassibilité exprimant alors une ferveur contenue, plus intense que ne l'auraient pu faire des muscles libérés ou des yeux plein de feu" (chap. 33). La flamme, le feu sont toujours pour Charlotte Brontë une métaphore de l'amour.

Par opposition, le froid, la glace sont associés à Lowood, le froid physique étant une métaphore de la solitude de Jane. Ce thème du gel et de la glace revient aussi au moment du mariage interrompu : "les frimas de Noël avaient fait leur apparition en plein été : une tourmente de neige de décembre avait soufflé en juin; les pommes mûres étaient recouvertes de glace; la neige amoncelée avait écrasé les roses épanouies; un linceul de gel était étendu sur le foin des prairies et sur le blé des champs" (chap. 26) ("A Christmas frost had come at midsummer; a white December storm had whirled over June; ice glazed the ripe apples, drifts crushed the blowing roses; on hayfield and cornfield lay a frozen shroud")
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27 mai 2006 6 27 /05 /mai /2006 22:45
Le thème de la liberté est récurrent dans Jane Eyre. La liberté de pensée, d'esprit, l'indépendance qui va aussi de paire avec la liberté de la femme pour Charlotte Brontë. C'est ce qui fait qu'on dit souvent de Charlotte qu'elle était une féministe avant l'heure et c'est ce qui choqua dans ses romans.

Au chapitre 23, au moment de révéler son amour à Rochester, Jane déclare "Je ne suis pas un oiseau, je ne suis prise en aucun filet; je suis un être humain, libre, avec une volonté indépendante, qui se manifeste dans ma décision de vous quitter." ("I am no bird; and no net ensnares me; I am a free human being with an independent will; which I now exert to leave you"). Le thème de la cage est repris au chapitre 27 où l'oiseau représente l'âme insaisissable de Jane et "jamais aucune chose ne fut à la fois si frêle et si indomptable" ("never was anything at once so frail and so indomitable"). J'aime cette idée d'être frêle mais libre et insaisissable.

Jane voit le mariage comme un emprisonnement. Elle a perçu la cour de Rochester comme celle reçue par une esclave qui la couvrirai d'or. A l'allusion au sérail du Grand Turc, chapitre 24, Jane répond par la rebellion : "je me préparerai à partir comme missionnairepour prêcher la liberté à celles qui sont en esclavage (...) j'y fomenterai la révolte et vous (...) vous trouverez enchaîné, livré à nous; pour ma part, je ne consentirai à briser vos liens..." ('I'll be preparing myself to go out as a missionary to preach liberty to them that are enslaved (...) I'll stir up mutiny; and you, (...) shall in a trice find yourself fettered amongst our hands: nor will I, for one, consent to cut your bonds...")

Rochester n'est pas rassurant quant au mariage : "quand je me serai emparé de vous tout de bon, que je vous aurai en ma possession, je vous attacherai - au figuré bien entendu - à une chaîne comme celle-ci". Celà inquiète notre héroïne car pour elle le mariage doit rimer avec son indépendance.  Jane ne veut pas être enfermée au propre (on pense à Bertha bien sûr, mais aussi à l'épisode de la chambre rouge à Gateshead dans lequel l'enfermement s'oppose à la rebellion de la fillette) comme au figuré (enfermement par le mariage, et notamment la dépendance financière).

Le thème de l'attachement est lancinant lors de la proposition en mariage de St John au chapitre 34 dans des passages comme "le linceul de fer se resserrait autour de moi" ("My iron shroud contracted round me") ou encore "sans nul doute, ne lui étant attachée qu'à ce titre, j'aurais souvent à souffrir, mon corps serait soumis à un joug rigoureux, mais mon coeur, mon esprit demeureraient libres. Dans mes moments de solitude, je pourrais toujours me réfugier en moi-même pour (...) faire de mes pensées préservées de tout esclavage mes propres confidentes. (...) Mais être sa femme (...) toujours contrainte, toujours tenue en échec, forcée de maintenir très bas le feu de ma nature, de l'obliger à brûler intérieurement sans pousser jamais un cri, dût la flamme emprisonnée consumer mes forces vives l'une après l'autre, cela serait intolérable!". ("I should suffer often, no doubt, attached to him only in this capacity: my body would be under rather a stringent yoke, but my heart and mind would be free. I should still have my unblighted self to turn to: my natural unenslaved feelings with which to communicate in moments of loneliness. (...) But as his wife (...) always restrained, and always checked- forced to keep the fire of my nature continually low, to compel it to burn inwardly and never utter a cry, though the imprisoned flame consumed vital after vital- this would be unendurable.")

Par opposition, le dernier chapitre nous décrit un mariage heureux avec Rochester où "Etre ensemble, c'est, pour nous, être à la fois libres comme dans la solitude, joyeux comme en société." ("To be together is for us to be at once as free as in solitude, as gay as in company").
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25 mai 2006 4 25 /05 /mai /2006 21:44
Jane Eyre est un livre écrit à la main, aujourd'hui une nouvelle édition se baserait sur les manuscrits annotés à la main des différentes édition.

Dans la première édition s'étaient glissées quelques coquilles, que Charlotte Brontë ou son éditeur ont par la suite corrigées. La deuxième édition introduisait aussi quelques erreurs nouvelles et ces erreurs ont parfois été traduites en français, ce qui nous permet de savoir sur quelle édition sont basées nos traductions.

Une des erreurs dont je me souviens le mieux est au chapitre 37 : "He lifted his hand and opened his eyelids; gazed blank, and with a straining effort, on the sky, and toward the amphitheatre of trees". En fait, le mot "head" s'était transformé en "hand" ce qui donne "Il leva la main, ouvrit ses paupières et, avec un effort visible, dirigea son regard vide vers le ciel et l'amphitéâtre des arbres" au lieu de "Il leva la tête". Oui, en effet, ça parait plus plausible!

Au chapitre 6, alors qu'Helen Burns explique à Jane qu'elle a du mal à être attentive en cours, on a aussi "and having heard nothing of what was read for listening to the visionary brook, I have no answer ready". En fait "read" a été utilisé à la place de "real". ce qui nous donne en français "et n'ayant rien entendu de la lecture pour avoir écouté le ruisseau imaginaire, je ne sais que répondre." Sauf qu'en fait il ne s'agit pas de la lecture (what was read) mais de ce qui est réel (what was real), et on perd donc le thème de l'opposition entre réel et imaginaire. Bon c'est assez minime, c'est vrai...

J'ai lu que dans la troisième édition, Charlotte Brontë corrigeait encore quelques erreurs, comme au chapitre 10 lorsque des dahlias sont évoqués en plein mois de mai, ils ont été remplacé par des tulipes (comment ça les dahlias ne poussent pas en mai? je n'en sais rien!); ou encore au chapitre 27, il parait que le prénom du frère de Edward avait été corrigé de Russel en Rowland. Mais l'édition en français que je possède ne gardait pas trace de ces erreurs.
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9 mai 2006 2 09 /05 /mai /2006 18:55
Voici quelques citations parmi mes préférées dans Jane Eyre :

If others don't love me, I would rather die than live. (chap 8)
(je préfère mourir plutôt que vivre, si les autres ne m'aiment pas.)

I can live alone if self respect and circumstances require me so to do. I need not sell my soul to buy bliss. (chap 19)
(je puis vivre seule, si le respect de moi-même et les circonstances m'y obligent; je ne veux pas vendre mon âme pour acheter le bonheur.)

Presentiments are strange things! and so are sympathies; and so are signs; and the three combined make one mystery to which humanity has not yet found the key. (...) And signs, for aught we know, may be but the sympathies of Nature with man. (chap 21)
(Les pressentiments, les affinités, les signes, sont choses étranges qui, en se combinant, forment un mystère dont l'humanité n'a pas encore trouvé la clef. (...) Quant aux signes, ils ne sont sans doute que l'expression des affinités entre la nature et l'homme.)

I am no bird; and no net ensnares me; I am a free human being with an independent will. (chap 23)
(Je ne suis pas un oiseau, je ne suis prise en aucun filet; je suis un être humain, libre, avec une volonté indépendante.)

It was not without a certain wild pleasure I ran before the wind, delivering my trouble of mind to the measureless air-torrent thundering through space. (chap 25)
(Ce n'était pas sans un certain plaisir sauvage que je courais dans le vent : ce torrent d'air infini qui grondait comme un tonnerre à travers l'espace libérait mon esprit troublé.)



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7 mai 2006 7 07 /05 /mai /2006 13:46
Les rêves, les signes, les prémonitions, tous les éléments surnaturels tiennent une grande place dans l'intrigue de Jane Eyre. Charlotte Brontë a été marquée dans son enfance par les récits de la servante Tabby, récits traditionnels mêlant superstition, religion et surnaturel. Certains signes vont même si loin qu'il devient difficile pour nous, lecteur du 21ème siècle, d'y croire. Par exemple, la connexion spirituelle entre Jane et Rochester qui est telle qu'ils sont à même de communiquer par delà le ciel (chap 35). Ou encore, il nous est difficile de penser que Jane ait été amenée chez les Rivers par le destin, alors que ceux-ci sont ses propres cousins! Mais tout cela fait partie de l'imaginaire de Charlotte Brontë et constitue une part du romantisme du roman.

Jane Eyre est un personnage si sensible qu'on pourrait penser qu'elle est la seule à être sensible aux signes et prémonitions, mais il n'en est rien. Mr Rochester a lui aussi un don pour entrevoir l'avenir et la mention de ce don est faite à plusieurs reprises. "I knew (...) you would do me good in some way. I saw it in your eyes when I first beheld you" (Je savais (...) qu'un jour vous me feriez du bien, d'une façon ou d'une autre; je l'ai vu dans vos yeux, la première fois que je vous ai aperçue"), déclare-t-il notamment à Jane après l'incendie sans sa chambre (chap 15). Pour moi, ce don  est tout à fait incarné lorsqu'il va jouer la bohémienne et feindre lire dans les traits de sa bien aimée. Cependant, à l'époque des Brontë il était admis que le caractère d'une personne pouvait se lire dans ses traits, les formes de son visage, la taille de son front..., ces éléments ne sont donc pas surnaturels en tant que tels.

Le surnaturel est présent dans la vie de Jane depuis qu'elle est enfant, chez sa tante Reed, elle craint la chambre rouge et l'esprit de son oncle qui hante les lieux. Les visions de Jane sont aussi présentes dans ses rêves, elle nous explique ques les rêves d'enfants sont selon elle présage de malheur, le destin des Reed (suicide du cousin, agonie de la tante) va alors lui être révélé par Bessie après un de ces rêves. L'avant-veille de son mariage elle va rêver d'un enfant agrippé à elle alors qu'elle erre dans les ruines de Thornfield... Malheureusement, elle ne le sait pas encore, mais l'auteur trace la route vers les tourments futurs de son héroïne.
 
Les signes de la nature ne sont pas à oublier, en premier lieu les tempêtes, les déchainements des éléments sur la lande que connaissaient bien les Brontë. Comme le dit Charlotte Maurat dans sa préface de l'édition de Jane Eyre que je possède "A Gateshead-Hall, à Lowood, à Thornfiel Hall, à Moor-House, on entend, au dehors, tel un leitmotiv obsédant , la pluie battre contre les vitres, le vent hurler à travers bois, landes, collines." J'ajouterais même que ces déchaînements de la nature me font irrésistiblement penser aux tempêtes de Wuthering Heights d'Emily, les branches frappant les vitres ruisselantes tels les doigts de fantômes... Et quand le grand marronier du parc de Thornfield est fendu en deux par la foudre la nuit où les deux amants s'échangent leurs promesses, on ne peut que penser qu'au funeste présage que cela représente. Songeons aussi que la base du marronnier réunit encore les deux parties de l'arbre, tout comme Jane et Rochester seront réunis par delà les difficultés.

Pour finir, je voudrais citer un passage de Jane Eyre qui doit assez bien correspondre à ce que Charlotte elle-même pensait des signes et superstitions :  "Presentiments are strange things! and so are sympathies; and so are signs; and the three combined make one mystery to which humanity has not yet found the key. (...) And signs, for aught we know, may be but the sympathies of Nature with man." ("Les pressentiments, les affinités, les signes, sont choses étranges qui, en se combinant, forment un mystère dont l'humanité n'a pas encore trouvé la clef. (...) Quant aux signes, ils ne sont sans doute que l'expression des affinités entre la nature et l'homme.") (chap 21)
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23 avril 2006 7 23 /04 /avril /2006 10:06

La première fois que j'ai lu Jane Eyre, je devais avoir environ 14 ou 15 ans (j'en ai maintenant 23). Je l'avais trouvé en livre de poche chez moi, dans une édition déjà assez ancienne. Je ne connaissais alors rien de l'intrigue du livre, ni rien des sœurs Brontë. Je l'ai dévoré, ne m'attendant pas du tout à la révélation du précédent mariage de Rochester. Je me rappelle très bien avoir vibré avec Jane lors de son exil chez les Rivers, je lisais, je lisais, je voulais tellement que nos deux héros se retrouvent que j'avais feuilleté quelques unes des dernières pages tant je voulais savoir si tout finirait bien! Aujourd'hui je suis réellement contente de n'avoir rien su du livre auparavant, en ce sens c'est une chance que ce récit ne soit pas un tel classique en France. Dans les pays anglophones où Jane Eyre est un classique de la littérature, où on l'étudie à l'école, tout le monde connaît plus ou moins l'histoire.

Depuis ce jour, j'ai adoré Jane Eyre et je l'ai relu de nombreuses fois. Je ne suis pas du tout une littéraire et j'ai fait des études scientifiques, pourtant j'ai aimé étudier l'anglais et à 16 ans j'ai reçu en cadeau Jane Eyre dans une édition en anglais. La première lecture m'a semblée très ardue, mais maintenant j'ai tellement lu et vu sur Jane Eyre en anglais que je comprends assez bien. En 1999 j'ai eu accès à internet et mes premières recherches ont concerné Jane Eyre et les Brontë. C'était il y a 7 ans déjà, à l'époque existait déjà The Brontë Sisters Web, de l'université de Nagoya au Japon. J'ai aussi rejoint un peu plus tard un groupe de discussion sur Jane Eyre sur le site e-group. Aujourd'hui e-group a été racheté par yahoo mais le groupe existe toujours sur yahoogroups, même si les discussions sont moins actives qu'avant. En 2001 je m'étais désabonnée parce que je n'avais plus beaucoup de temps pour moi avec mes études, mais j'y suis revenue en 2004 et toujours avec autant de plaisir. D'autres sites existent, des blogs, mais la grande majorité du web sur les Brontë est en anglais, et pas forcément facile d'accès. Je comprends l'anglais et même, j'adore relire des passages de Jane Eyre en VO, regarder des adaptations en VO… mais je trouve qu'il manque d'endroits où parler des Brontë, de leurs vies et de leurs œuvres en français!

C'est modestement que j'aimerais partager ici des pensées, l'actualité sur Charlotte Brontë, Jane Eyre, les Brontë en général. Surtout que depuis peu, mon intérêt a été ravivé, des nouveaux messages ont été postés, la version de 1983 est sortie en DVD… mais j'en reparlerai!

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  • : Jane Eyre, blog en français
  • : Jane Eyre est définitivement mon livre préféré. Les blogs en français sur le sujet sont trop rares alors j'ai créé celui-ci en 2006 pour partager mon intérêt.
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